dimanche 29 novembre 2009

Dimanche pluvieux...

Aujourd'hui c'était distribution de vêtements chez les Roms.
Ours in chief avait tiré de la cave quelques litres de 6 mois à 3 ans d'âge.
Me voilà donc avec mon sac dans le squat. Dehors il pleut des cordes. Le squat ressemble à une immense flaque de boue : les caddies ne roulent plus, les charriots doivent être portés et les voitures restent bloquées. Pas le choix pour les bulgares, il faut marcher dans la boue pour pouvoir aller chercher de l'eau. Dans ces conditions, les enfants qui ne savent pas encore marcher restent dans la cabane tout le temps (les autres sont maculés de boue jusqu'aux genous). Et comme, certaines cabanes prennent l'eau, comme le poêle est très dangereux, ils restent sur le lit.
Aujourd'hui un petit de 12 mois a découvert que l'on pouvait mettre des chaussures.
Aujourd'hui, Tania 3 ans ne comprenait pas à quoi servaient des gants.
Quand à la plus petite du camp, ce soir elle dormira dans une turbulette.
Si peu de choses et pourtant un tel bonheur dans leurs yeux.
Demain est un autre jour : peut -être que Tania pourra enfin retourner à l'école si les services départementaux veulent bien faire un effort ?
OURS

samedi 21 novembre 2009

Les Roms

Cela fait maintenant trois fois que je me rends sur le squat de Roms de ma ville. Alors je commence à les connaître un peu mieux.

Dans ce squat, c'est comme dans la société, il y a de tout.
Il y a Alex qui s'est fait prendre ses papiers par les flics car il n'a pas trouvé sa ceinture dans sa voiture. Du coup dans sa cabane en tolle, il écoute de la "boulgarmusic" à fond les ballons, rajoutant ainsi à la misère de ses voisins, l'exaspération.

Il y a cette famille adorable avec deux petits enfants de 6 et 3 ans qui vivent dans une cabane de 4m2, avec un poêle à bois qui enfume tout. Et pourtant ils ont décoré leur "maison" pour noël. Imaginez un peu la force...

Pour clarifier les choses j'ai décidé de centrer mon attention sur les enfants et l'école.
Quand je parle à ces famille de l'école, elles me répondent que tant qu'ils n'auront pas de poubelles, de graviers pour éviter la boue et de chaussures pour leurs enfants, ils auront trop honte de les mettre à l'école. Que répondre à cela ? Je crois que cela s'appelle la dignité non ?

De l'autre coté du camp; quelques familles ont squaté deux maisons. Une partie a déjà brulé, mais ce qui reste ressemble à un palace par rapport aux cabanes.
Doutchka est une adolescente de treize ans au visage triste. Ses parents m'ont toujours accueilli avec le plus grand des sourires et je pense qu'ils sont sincères. Doutchka ne va plus au collège car la mairie (socialiste et non de gauche, n'est ce pas Mister Chocolate ?) a refusé la cantine pour la petite soeur. Du coup, comme les parents sont obligés de faire la manche pour vivre, Doutchka doit garder la petite la journée.
Et puis, il y a Trayko,12 ans, scolarisé dans la pire école de la commune, alors qu'il dépend de la belle école du centre ville. L'enseignante était contente de me voir car elle n'en peut plus. Imaginez, Trayko n'avait jamais été à l'école jusqu'à ses 9ans.

Mon rôle dans tout cela?
Rendre la vie de ces gamins un peu moins dure. Essayer de jouer l'intermédaire entre les institutions et eux. Veiller à ce que personne ne soit trop gravement malade entre deux tournées de médecins du monde. Essayer le plus que possible de faire la part des choses, de garder la tête froide.
OURS

mardi 17 novembre 2009

Incredule

Lundi après midi dans mon terrier c'est séance d'arts visuels. Cette année je n'ai pas eu le droit à MA photo de classe. C'est comme ça chez les taupes, si tu n'es pas présent le jour de la photo c'est la loose. Alors pour me vanger de ce crime scolaire j'ai décidé de maquiller la photo de classe.

La consigne était de remplacer les visages des élèves et de l'adulte ayant pris ma place (beurk à toi) par des objets appartenant à la même catégorie.

Evidemment comme tout enseignant responsable, j'ai éliminé des catalogues la substancielle Redoute (et ses fameuses pages lingeries)

Deux élèves choisissent les DVD comme catégories ( pas de films X sur le catalogue de Carrouf, c'est bon les gars allez-y !)

Travail fini, plastifieuse en marche, prêt à afficher dans le hall du terrier...Une tâche heurte ma vision. Est ce un problème de colle, de plastifieuse ? Non c'est juste le reflet de notre société. Voici ce qui remplace le visage de deux élèves de CE1 :
OURS

samedi 14 novembre 2009

Si loin et pourtant si proche

Mercredi 11 novembre : temps pluvieux.

Un article dans le journal local attire mon attention. La situation de certains Roms dans ma propre ville serait dramatique.

Comment ça dans ma propre ville ?

Alors me voilà parti à la recherche de plus amples informations.

Ces Roms sont là depuis trois ans. ils squattent un terrain désaffecté. Ils sont passé dans le journal car à l'approche de l'hiver ils n'ont plus de bois pour se chauffer. Ils vivent dans des baraques en tolle où en bois, dans la boue, dans l'humidité constante, sans électricité, sans eau courante. vous voyez la jungle à Calais ?

Moi, l'ours mal léché, j'ai eu du mal à penser à autre chose depuis mercredi. La stupéfaction se mélange à l'indignation. La nausée quoi. Je n'ai pas oser y rentrer. Peur de me sentir ridicule, de tomber dans le voyeurisme. Et puis, y renter pour quoi faire ?



Je suis donc rentré en contact avec une des deux seules associations qui y intervient. Le président de cette asso m'a précisé leurs conditions de vie. elles sont moyenageuses.

Les enfants (au contraire de ce que je pensai) aimerait bien aller à l'école. Mais comme ils ont de la boue jusqu'aux chevilles, ils n'osent pas se présenter ainsi. Et puis la mairie (de gauche évidemment) rechigne à les inscrire. Ils vivent tous de mendicité, ou de travail au noir. Depuis trois ans personne n'a ramassé leurs ordures. Les collectivités locales se renvoient la balle.( de gauche les deux) Du coup, les rats sont là. Dernièrement le préfet a décidé qu'il n'y aurait aucune expulsion si un relogement n'était pas proposé. La mairie socialiste fût folle de rage. En effet, ce squat ralentit la construction d'une toute nouvelle salle de concert. De gauche je vous dis. Et puis la mairie ne veut pas donner de domicialition administrative à ces Roms. En effet, avec une adresse (bien qu'administrative) vous avez le droit de bénéficier de l'Aide Médicale d'Urgence (la seule aide dont peuvent bénéficier les Roms).

Alors voilà, ces Etre Humains sont là à 2 km de mon chez moi. Je ne pourrai plus les ignorer. Je ne pourrai plus faire fi de tout ça.

Maintenant je sais.

J'ai donc décidé de m'engager.

OURS