dimanche 5 avril 2009

Histoires familiales

Mon frère me parlait de ce que nous rapportions sur nos élèves, que cela pouvait être un peu caricatural dans l'image d'une ZEP.
J'en ai tout à fait conscience.
Nous racontons en 1er, c'est certain, ce qui nous interpelle, nous choque; mais c'est aussi un parti pris, car je me fais souvent la réflexion suivante: une personne ne travaillant pas dans ces zones difficiles (et encore, il doit y en a de bien pire que la nôtre!) ne peut pas savoir dans quelles misères sociales, économiques, affectives vivent nos élèves!

Quelques exemples d'histoires familiales...

La maman de Thierry vient le réinscrire à l'école (oui il a déjà passé 2 mois dans notre école, puis ses parents se réconciliant il est reparti et le voilà qui revient car ses parents, décidemment, ça ne colle plus).
La maman me parle de sa nièce Dora. Cette dernière a apparemment voulu se suicider, et c'est son cousin Thierry qui l'en a empêché (elle voulait se jeter sous une voiture). La raison de ce geste: des garçons l'insultent à l'école.

Bon... Je dis à cette maman que nous irons parler à sa nièce, mais quand même se jeter sous une voiture pour des insultes, il y a peut être autre chose.

Son maître, Mister Chocolate, va parler à Dora. Et voici sa version:
Dora s'est disputée avec sa maman, elle a craqué et est partie de chez elle pieds nus, a bien pensé à se mettre sous les roues de la voiture mais...
M.Chocolate: - Mais explique moi comment vous vivez à la maison?
Dora: - Il y a papa et maman, ils sont séparés, maman dort dans le salon en attendant de trouver un autre logement. Thierry et sa soeur, moi et mon frère.
M.C. :- Il y a combien de chambres chez toi?
D. :- 2. Tous les enfants, on dort ensemble.
M.C. :- D'accord...
D. :- Dans la seconde chambre...parce qu'en fait la maman de Thierry, c'est ma tatie et ma belle-mère aussi. Donc dans la seconde chambre, c'est papa et tatie.
M.C. : -Ah....

Et ces 2 gamins là, par rapport à ce qu'ils vivent, ce ne sont pas les plus difficiles!

Sinon, dans ma classe, j'ai une petite fille dont le papa est sorti de prison il y a un an et des jumeaux élevés par leur grand-mère paternelle, car leur maman ne veut pas s'occuper d'eux et leur papa est en prison.

Et puis il y a Kamel, qui a décidé qu'il n'apprendrait pas à lire tant que son père ne s'occuperait pas de lui.
Son papa est parti de chez lui, s'est remis en ménage avec une femme dans la cité et a eu un fils avec elle qu'il a appelé ... Kamel.
Sa maman a refait sa vie avec l'ex-mari de sa voisine de palier et a accouché de son 5e enfant.

Voilà... ça ne sert à rien que je vous raconte tout!
Et puis nous avons aussi des familles stables, solides, des parents présents pour leurs enfants.
Tout se mélange! C'est juste que par chez nous, beaucoup de difficultés sont concentrées. Nous travaillons avec et essayons d'amener ces élèves le plus loin possible... même si nous ne sommes pas dupes: ils ne partent pas avec les mêmes chances.

Je ne cherche pas durcir la caricature, juste à dire que si certains faits choquent ou laissent perplexes, derrière il y a souvent une difficulté ou un manque...

3 commentaires:

  1. Et à 10 mn de là, il y a des écoles de campagne bien tranquilles, des enfants qui vivent dans de jolis maisons avec papa et maman.
    Dans ces écoles là, c'est beaucoup plus facile de s'occuper des enfants dont la situation familiale est compliquée, puisqu'ils sont moins nombreux.

    Tu arrives à tenir le coup à plein temps, avec tes deux oursons à la maison ?

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  2. rhaaaaaaaaaaaaaa ça y est te voilà!!!! Contente de lire un commentaire de ta part ;)
    Un 80% ne serait pas de refus mais bon on gère on gère!
    Et puis ce blog est un bon exutoire ;)

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  3. Ben, jusqu'à présent je lisais mais je n'arrivais pas à répondre !!!!!!

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